Les chiffres de la maltraitance sexuelle sont édifiants. Chaque jour, en France, plus de 40 enfants sont victimes de sévices sexuels. On estime que ces maltraitances toucheraient un garçon sur 10 et une fille sur huit avant l’âge de 15 ans.

Les données chiffrées officielles en matière de maltraitances sexuelles sont celles de l’ODAS (Observatoire Décentralisé de l’Action Sociale) qui, chaque année, centralise les signalements traités par les conseils généraux.
Les chiffres de l’ODAS repris sur 10 ans dans le tableau ci-dessous font apparaître, en moyenne, 5 340 signalements de maltraitances sexuelles par an, soit – et toujours en moyenne - près de 15 par jour.

Si les données de l’ODAS ont le mérite d’exister, le problème, c’est quelles sont loin d’être exhaustives. En effet, et à quelques exceptions près, les faits de maltraitances sexuelles déclarés par d’autres canaux n’y sont pas comptabilisés, à commencer par ceux portés directement à la connaissance de la Justice.

Les chiffres du Ministère de l’Intérieur repris sur 4 ans dans le tableau ci-dessous font apparaître, environ 14690 dépôts de plaintes pour faits de maltraitances sexuelles par an, soit en moyenne plus de 40 par jour.

Quels enseignements peut-on tirer de ces chiffres ?

Concernant le contexte de survenu des maltraitances sexuelles :

- Les maltraitances sexuelles se produisent sur l’ensemble du territoire national

(aucun département n’est épargné),

- Toutes les catégories socio professionnelles sont touchées par les maltraitances sexuelles,

- Les maltraitances intrafamiliales (ou incestueuses) représentent 60% des cas recensés.

Concernant le profil des agresseurs :

- les maltraitances sexuelles sont très majoritairement le fait d’hommes (+ de 90%),

- les agresseurs sont plus souvent majeurs et que mineurs (60 % contre 40 %),

- l’agresseur est, dans 85 % des cas, issu de l’environnement proche de l’enfant (parents, grands parents, beaux parents, oncles et tantes, cousins et cousines, voisins, éducateurs, professeurs...),

- le père est souvent l’agresseur dans les cas de maltraitances incestueuses (40%).

Concernant les victimes :

- les maltraitances sexuelles touchent prioritairement les enfants de moins de 15 ans (70% des cas),

- les jeunes filles sont plus souvent victimes que les garçons (60 % contre 40 %),

- dans 8 cas sur 10, l’enfant victime subit des actes répétés.

Concernant ces chiffres eux-mêmes :

- Ils ne constituent que la partie émergée de l’iceberg qu’est la  maltraitance sexuelle car de nombreux – très nombreux - faits ne sont pas comptabilisés (faits gardés secrets par les victimes bien sûr mais aussi faits signalés dans le cercle familial ou auprès de proches, en milieu médical - cabinets des médecins généralistes, des psychologues et psychiatres, services hospitaliers...- et non relatés aux services de Police et de Gendarmerie)

Pour plus d’informations :

- sur les maltraitances sexuelles incestueuses, voir l’étude IPSOS / Association Internationale des Victimes de l’Inceste (AIVI) / AXA Atout Cœur, « Les Français face à l’inceste ». Document téléchargeable sur le site de l’AIVI (rubrique  « télécharger »),

- sur les dépôts de plainte et leur analyse, voir les rapports annuels d’activité des faits constatés par les services de Police et de Gendarmerie sur le site du Ministère de l’Intérieur (rubrique  « statistiques, criminalité »),

- sur les signalements de maltraitances sexuelles et leur étude, voir les publications de l’ODAS (rubrique « publications et travaux »).